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La Génération Z fait couler beaucoup d’encre. On lui attribue une quête de sens, une désaffection pour la valeur travail ou encore un désir de flexibilité et d’épanouissement. Mais qu’en est-il vraiment ? Est-ce que les attentes de cette génération sont aussi uniformes qu’on le dit ? Et surtout, comment les entreprises peuvent-elles s’adapter pour accueillir ces jeunes professionnels dans un environnement qui répond à leurs besoins ? Dans cet article, nous explorons comment la Génération Z – ces « digital natives » nés entre 1997 et 2012 – redéfinit l’aménagement des bureaux et le rapport au travail.

Qu’est-ce que c’est la Génération Z ?

En démographie, une génération désigne une sous-population qui, ayant traversée les mêmes événements historiques, adoptent des pratiques et des représentations communes influencées par leur époque. D’après le Pew Research center, la Génération Z (qui succède à la génération Y-Millenials et précède la génération Alpha) rassemble les personnes nées entre 1997 et 2012 environ. Elle a grandi dans un monde façonné par des crises successives, qu’il s’agisse des conséquences des attentats du 11 septembre ou des bouleversements économiques. Un autre facteur les unifie : un lien fort avec les nouvelles technologies, particulièrement le smartphone, qui a transformé leur manière de travailler et d’interagir. Les « zoomers », en contraste avec les « boomers » du baby-boom, auraient en commun de nouvelles attentes vis-à-vis du travail et plus largement, de la société.

La gen Z participe à un atelier

Atelier sur les attentes de la jeune génération – M. Lemerle

Une quête de sens propre aux jeunes ?

Une étude de 2021 de la plateforme d’emploi Monster révèle que 78 % des jeunes de 18 à 24 ans n’accepteraient pas un emploi qui n’a pas de sens pour eux. Avant même la pandémie, une enquête d’OpinionWay révélait que 57 % des jeunes seraient prêts à accepter un emploi moins bien rémunéré s’il avait plus de sens pour eux.

Pourtant, cette quête de sens au travail, souvent mise en avant, n’est pas homogène. Elle varie fortement selon le niveau de diplôme et les catégories socioprofessionnelles. Selon la sociologue Monique Dagnaud, ce sont les « trentenaires bien diplômés, voire très diplômés, assurés de leur position favorable sur le marché de l’emploi » pour qui « la réalisation de soi dans le travail compte plus que le niveau de rémunération et les attributs symboliques de la réussite ». L’enquête SomanyWays de février 2022 va dans le même sens, révélant que 50% des bac+5 jugent indispensable de « contribuer par leur travail à résoudre des enjeux de la société » alors que seulement 34% des titulaires d’un bac+2 partagent cette aspiration. Le sens au travail, bien que valorisé, n’est donc pas une priorité absolue pour tous.

Le sens au travail est souvent amalgamé avec l’impact du travail sur le monde qui nous entoure. Toutefois, cet intérêt n’est pas propre aux jeunes, il est largement partagé par l’ensemble des salariés. C’est ce que nous montre l’enquête réalisée par Welcome to the Jungle sur les générations : toutes les générations sont massivement sensibles à l’impact social, suivi de l’impact écologique de leur entreprise, avec un écart plus marqué chez les boomers entre ces deux préoccupations.

Une génération qui n’a pas peur

Si les employeurs sont si enclins à se transformer pour fidéliser la « Gen Z », ce n’est pas tant parce que ses préoccupations sont différentes que parce que celle-ci n’a pas de scrupules à changer fréquemment de travail. Pour s’assurer de garder la « Gen Z » entre leurs murs et limiter les coûts du turnover, les entreprises doivent rivaliser d’inventivité. Cette dernière n’a pas peur de démissionner, pas plus que du chômage, car l’entrepreneuriat leur offre une porte de sortie très valorisée.

Selon une enquête BVA de 2021, l’entreprise idéale pour les jeunes est certes celle qui prend en compte les questions environnementales et sociales (29 %), mais ils restent pragmatiques. Ils valorisent davantage l’entreprise qui crée de l’emploi et embauche (51% et 57%). Ils revendiquent un environnement de travail épanouissant, qui leur garantit respect, reconnaissance et esprit d’équipe, tout en considérant toujours la rémunération comme un facteur clé. L’ebook de Welcome to the Jungle livre des clés utiles : plus que leurs aînés, les jeunes veulent avoir la possibilité de négocier leur salaire et évoluer au sein de l’entreprise.

Cette génération n’a pas peur de changer d’emploi si ses attentes ne sont pas satisfaites. De ce fait, les entreprises doivent innover pour fidéliser ces jeunes talents, en offrant des opportunités de développement ou en créant une culture d’entreprise qui respecte leurs valeurs. Il ne suffit pas de compter sur le télétravail pour faire la différence : pour certains, c’est considéré comme un minimum, tandis que d’autres le redoutent en raison de logements souvent exigus et du besoin de maintenir un lien social fort avec l’équipe.

L'arche en balloon au bureau

L’arche en ballon convaincra-t-elle vos jeunes de rester ? – C. Rabineau

Quels espaces de travail pour la Génération Z ?

« Digital natives », les jeunes ont vite fait d’être associés aux aménagements variés et flexibles qui se répandent dans les entreprises. Pourtant, dans le cadre de nos projets, nous rencontrons régulièrement des vingtenaires virulents dans leur opposition à ces modèles.

Comment expliquer ce paradoxe ? En tant que nouvelles recrues cherchant à s’intégrer, ces jeunes salariés sont particulièrement sensibles aux signes de reconnaissance qui confirment qu’ils ont bien leur place dans l’entreprise et que leur confort est pris en compte. Ne disposant pas encore de repères ni de codes internes leur permettant de naviguer sereinement dans les différents espaces de travail, ils peuvent être perturbés par l’absence de stabilité et de personnalisation qu’implique le Flex office. Il est donc essentiel d’appréhender les conséquences psychologiques de ces aménagements lorsqu’on s’engage sur cette voie.

De plus, bien que hyperconnectés, les zoomers cherchent souvent à s’isoler pour mieux se concentrer et éviter les distractions numériques. Pour répondre à leurs besoins spécifiques, les entreprises doivent trouver un équilibre entre flexibilité et confort, notamment en intégrant des zones de calme et des espaces dédiés à la concentration.

Créer un bureau qui a du sens pour la Génération Z

La quête de sens, une préoccupation croissante chez ces jeunes salariés, peut également s’incarner dans l’aménagement des bureaux. Concevoir des espaces de travail qui replacent au cœur de ses murs l’histoire, les valeurs et la mission de l’entreprise est une manière efficace de répondre aux aspirations des jeunes salariés tout en les motivant. En mettant l’accent sur la durabilité et en intégrant des éléments qui rappellent l’engagement de l’entreprise envers la société et l’environnement, les entreprises peuvent créer un environnement de travail qui parle non seulement à la Génération Z, mais aussi à toutes les générations.

Bien que 68 % des propriétaires de petites entreprises, selon une enquête du Freedom Economy Index, considèrent cette génération comme « la moins fiable » sur le marché du travail, en raison de comportements associés au syndrome de « l’enfant roi », il est important de reconnaître leur rôle de vecteur de changement. L’étude, basée sur les avis de 80 000 dirigeants, montre que ces jeunes salariés peuvent susciter des préoccupations en raison de leurs demandes fréquentes de promotions et d’avantages, ainsi que de leurs attentes élevées, souvent perçues comme irréalistes. Cependant, leur attention particulière aux questions de santé mentale et leur quête d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle révèlent une volonté de transformer le monde du travail pour le rendre plus humain et inclusif.

Plutôt que de voir ces jeunes recrues comme source de division, les entreprises ont tout intérêt à s’adapter à leurs besoins. En créant des environnements de travail qui intègrent stabilité, reconnaissance et sens, elles peuvent non seulement attirer et fidéliser cette génération, mais également construire des espaces de travail bénéfiques pour l’ensemble des salariés. Le défi consiste à allier flexibilité, confort et sens, tout en répondant à cette transformation professionnelle largement souhaitée.

La gen Z en bonne humeur

Les jeunes salariés s’amusent pendant l’atelier – C. Rabineau

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