5 ans après la pandémie : où en sommes-nous dans notre rapport au bureau ? La pandémie de COVID-19 a bouleversé nos modes de travail. Entre la montée en flèche du télétravail et la réorganisation des espaces de travail, les entreprises ont dû s’adapter à une nouvelle réalité. Cinq ans après, quel est l’état des lieux de notre rapport au bureau ? Découvrez les principales tendances qui façonnent le monde du travail post-pandémie.
Télétravail à 100% : la révolution silencieuse
Certaines entreprises ont fait le choix radical de fermer définitivement leurs bureaux et de passer à un modèle de télétravail intégral. Le modèle de télétravail à 100% offre de nombreux avantages : réduction des coûts liés aux infrastructures, davantage de flexibilité pour les salariés, et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Cependant, il n’est pas sans ses défis. Des entreprises comme Société Générale et Ubisoft qui ont adopté ce modèle, reconnaissent que la gestion de la cohésion d’équipe, le maintien de la culture d’entreprise et l’engagement des collaborateurs peuvent en souffrir. Ce modèle ne convient pas à tous, en particulier dans les secteurs nécessitant une collaboration physique étroite, ce qui amène certaines entreprises à réévaluer leurs politiques.
Un article des Echos explique comment ces entreprises naviguent entre avantages et inconvénients du télétravail total, un sujet de plus en plus débattu à l’échelle mondiale.
Le confort du télétravail – C. Rabineau
L’hybride : la nouvelle norme
Pour la grande majorité des entreprises, le modèle hybride s’est imposé comme la norme. Ce compromis entre travail à distance et présence au bureau offre de nombreux avantages : il permet de répondre aux aspirations des salariés en matière de flexibilité tout en maintenant les avantages de la collaboration physique. Selon l’Observatoire 2023 du télétravail, 72% des Français estiment être plus concentrés lorsqu’ils travaillent à domicile.
D’après une étude de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), la proportion de salariés pratiquant le télétravail est passée de 9% à 26% entre 2019 et 2023. En 2023, environ 33% des entreprises imposent des jours de présence obligatoire au bureau, tandis que 47% ont intégré le télétravail dans leur fonctionnement. Selon une étude de Statistica de 2023, la majorité des Français souhaitaient idéalement travailler à distance deux à trois jours par semaine. Ce modèle hybride se trouve au cœur des stratégies d’attraction et de rétention des talents, avec un taux de satisfaction élevé parmi les salariés qui bénéficient de cette flexibilité…mais de nouveaux défis pour l’intégration des jeunes ou nouveaux embauchés qui doivent adopter de nouvelles stratégies pour se faire une place.
La flexibilité comme levier pour attirer et fidéliser les talents
Dans un marché du travail de plus en plus concurrentiel, la flexibilité est devenue un argument majeur pour les entreprises cherchant à attirer et retenir les meilleurs talents.
Des entreprises comme Spotify et Salesforce ont bien compris cela et ont adopté des modèles de travail où le télétravail n’est plus un luxe mais une nécessité. Spotify, par exemple, a adopté un modèle offrant à ses salariés une grande autonomie dans l’organisation de leur travail, tout en veillant à préserver la collaboration. L’entreprise a pris une position forte, déclarant : « Nos salariés ne sont pas des enfants » («Our employees are not children»). Cette approche valorise la confiance et la responsabilité individuelle et témoigne de l’engagement de l’entreprise à offrir un environnement de travail fondé sur le respect et l’autonomie.
Une étude de Gartner montre que les entreprises ayant mis en place des politiques de travail flexible constatent une amélioration de 40% de la rétention des talents. En France, selon une étude de l’APEC en 2023, environ 50% des cadres envisageraient de démissionner si le télétravail était supprimé. Ces chiffres soulignent l’importance de maintenir un modèle de travail flexible, non seulement pour la productivité individuelle mais aussi pour la performance à long terme de l’entreprise.
Spotify prend position sur le travail hybride –
Retour au bureau forcé pour certaines entreprises
Malgré l’essor du télétravail, certaines entreprises, notamment dans des secteurs où la collaboration physique est essentielle, ont opté pour un retour au bureau complet. Amazon et Twitter, par exemple, ont imposé une politique stricte de présence au bureau, demandant à leurs salariés d’être présents entre jours par semaine en 2025.
Le retour au bureau « forcé » est souvent mis en avant comme faisant partie d’une stratégie visant à renforcer la culture d’entreprise et favoriser l’innovation collaborative. Selon un article du Monde, les grandes entreprises technologiques se battent pour conserver un environnement créatif et stimulant, que beaucoup estiment essentiel pour encourager les échanges et la cohésion d’équipe. Toutefois, ce choix ne fait pas consensus, certains chercheurs soulignant que trop de présence physique pourrait nuire à l’innovation collective et à la motivation des collaborateurs. Le célèbre Nick Bloom a récemment démontré dans une étude de long terme sur l’entreprise Trip.com qu’il y a finalement peu de différences de productivité entre les modèles basés sur le bureau et les modèles hybrides. Mais la rétention des salariés est meilleure dans le premier cas.
Dans son article pour Welcome to the Jungle, Camille Rabineau, fondatrice de Comme on travaille, partage conseils et retours d’expérience pour donner envie aux salariés de (re)venir au bureau et éviter que celui-ci soit assimilé à une prison, en mettant notamment l’accent sur des espaces espaces personnalisés et confortables, sur des services adaptés et sur le sens donné à ce retour plus ou moins imposé.
Recréer du lien au bureau – Canva
La semaine de 4 jours : la nouvelle frontière
Une autre tendance qui gagne du terrain est l’expérimentation de la semaine de 4 jours. Certaines entreprises, notamment dans les secteurs de la tech et des services, testent ce modèle comme une manière d’améliorer la qualité de vie au travail tout en garantissant une productivité optimale. Microsoft Japon a lancé un projet pilote avec succès, augmentant la productivité de ses salariés de 40%. En France, des entreprises comme Norsys et Cultura ont adopté ce modèle avec des résultats positifs en termes de satisfaction des collaborateurs et de productivité.
Cette tendance à la réduction du temps de travail est perçue comme un levier pour attirer des talents, notamment dans des secteurs où la concurrence est forte. En effet, le travail réduit à 4 jours par semaine permet une meilleure gestion de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, favorisant ainsi un engagement plus élevé des salariés.
Retrouver le confort au bureau – M. Airut Murphy
Quel avenir pour le travail post-pandémie ?
Cinq ans après la pandémie, les entreprises sont toujours en quête du juste équilibre entre flexibilité et présence physique. Tandis que le télétravail et le travail hybride se sont imposés comme des incontournables, la question du retour au bureau et de l’organisation du travail reste un défi pour de nombreuses entreprises. Il ne s’agit plus simplement de choisir entre télétravail ou présence physique, mais bien de construire un modèle hybride qui répond aux besoins collaborateurs tout en préservant la cohésion d’équipe et la performance organisationnelle.
Et vous, quel est votre rapport au bureau ? Télétravail, modèle hybride ou retour au bureau à temps plein ? Le plus important est de trouver un équilibre qui réponde aux attentes des collaborateurs tout en soutenant les objectifs à long terme de l’entreprise.
